Entretenir un ordinateur sur le long terme

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Pénurie des matières premières, impact écologique et humain de la fabrication de matériel électronique, obsolescence programmée, ou encore enfermement propriétaire des utilisateurs, les raisons sont nombreuses pour décider de conserver son ordinateur personnel (PC) le plus longtemps possible.

J’utilise un ThinkPad T400s, PC portable sorti en 2009 et qui fonctionne encore très bien aujourd’hui, treize ans après sa première date de commercialisation. Ainsi, je donne quelques pistes dans cet article afin de conserver un ordinateur le plus longtemps possible.

Les conseils qui suivent s’appliquent davantage à un PC portable qu’à un PC fixe, car celui-ci ne présente pas la plupart des problèmes évoqués ci-dessous.

Enfin, ces conseils sont destinés, en priorité, aux usages courants ; les jeux vidéos et autre utilisation spécifique sont exclues.

Choisir la modularité

Bien qu’un ordinateur fixe soit plus modulable qu’un ordinateur portable, il est vital de pouvoir ouvrir celui-ci un minimum afin de changer certains composants comme la mémoire vive, le disque dur ou la batterie. C’est un gage de durabilité. L’informatique évolue, et, même s’il est possible de réduire au minimum son besoin en ressource, il est nécessaire de pouvoir remplacer l’un de ces composants lorsqu’il devient dépassé.

Ainsi, on évitera les ordinateurs comme les MacBook où les composants et le châssis sont soudés, obligeant à payer une fortune chez un professionnel agrée pour remplacer une simple batterie par exemple.

Soulever le capot

Un aspect qui découle de cette capacité à remplacer soi-même les composants est de se forcer à ouvrir son PC de temps en temps, ne serait-ce que pour y enlever la poussière. Celle-ci empêche la chaleur d’être évacuée convenablement, augmentant la contrainte sur le processeur.

De plus, regarder régulièrement l’intérieur de sa machine permet de se familiariser avec celle-ci et de casser certains mythes comme le fait qu’une réparation ne soit forcément réservée qu’à un professionnel.

Acheter d’occasion

L’état actuel du marché est que la majorité des fabricants suivent le modèle d’Apple — c’est-à-dire concevoir des machines qui sont de véritables boites noires. Il est donc de plus en plus difficile d’acquérir un modèle récent qui présente les caractéristiques évoquées précédemment.

Ainsi, se tourner vers le marché de l’occasion est une solution. Celle-ci est d’autant plus souhaitable qu’elle limite considérablement l’empreinte écologique de cet achat.

À la lecture de ce conseil, on pourrait être amené à se dire qu’il faut absolument une machine récente pour rester à jour des évolutions technologiques. Ceci est faux pour la plupart des usagers qui utilisent leur ordinateur pour des tâches courantes comme écrire des e-mails, naviguer sur le Web ou encore manipuler des images. À part pour les jeux vidéos et les autres activités graphiques intensives, un ordinateur ayant cinq à dix ans est tout à fait convenable au quotidien.

Utiliser des logiciels et un système d’exploitation libres

Enfin, le corollaire du dernier point est de quitter le monde d’Apple et de Microsoft. Cela peut en rebuter, mais, rien que pour sortir du cercle vicieux de l’obsolescence programmé, le jeu en vaut la chandelle.

Depuis 2018, je n’utilise plus de système d’exploitation privateur comme Windows ou macOS. La distribution GNU+Linux que j’utilise m’octroie une liberté accrue, que cela soit vis-à-vis du matériel que je peux employer ou des logiciels que je peux choisir et de la manière dont ils opèrent. Ainsi, comme décrit au début de cet article, je peux, en 2022, utiliser une machine qui date de 2009 sans aucun problème majeur. Elle est d’ailleurs plus rapide et performante que nombre d’ordinateurs plus récents que j’ai rencontré depuis fonctionnant avec Windows.

Les logiciels libres, loin d’enfermer l’utilisateur, lui offrent le choix. Ainsi, tout le monde y trouve son compte, que cela soit avec du matériel récent ou non.

Bien s’entourer

Pour terminer, on peut vouloir appliquer ces conseils, mais ne pas être certain de la manière de s’y prendre, ou de se dire que cela n’est pas fait pour soi. Heureusement, des groupes de personnes compétentes prêtent à accompagner dans cette démarche existent.

Il existe les Groupes d’utilisateurs locaux de Linux (GUL) dont les membres aident bénévolement les personnes souhaitant installer et utiliser une distribution GNU+Linux. Ceci est particulièrement utile pour se familiariser avec les logiciels libres. On peut consulter la liste des GUL francophones pour trouver celui le plus proche de chez soi.

Les hackerspace sont des lieux intéressants pour se former soi-même et sortir de la démarche de consommateur pour regagner de l’autonomie sur son matériel.

Conclusion

Garder son ordinateur pour de nombreuses années est encore possible aujourd’hui, même si cela demande quelques changements d’habitude. Il suffit de reprendre en main ces outils, collectivement et à notre avantage, loin des intérêts des grandes entreprises privées de l’informatique.

Cela suppose également de s’extraire de l’injonction incessante à acheter du neuf, et donc de s’extraire de la publicité en premier lieu. Bien sûr, agir au niveau individuel est loin d’être suffisant ou significatif. Il s’agit plus d’un hack que d’un changement de paradigme. Pour cela, les entreprises doivent être contraintes à changer leurs pratiques. Mais, cela est une toute autre histoire…