Apprendre le japonais en autodidacte

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Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai baigné dans la culture populaire japonaise dès mon plus jeune âge : d’abord avec les séries d’animations diffusées à la télévision dans les années 90, puis avec les jeux vidéos et les mangas. Pourtant, tous ces supports étaient traduits en français ; je n’avais donc aucune exposition à la langue japonaise à cette époque-là. Ce n’est qu’avec le jeu vidéo Dragon Ball Z Budokai sur PlayStation 2 que j’entendis, pour la première fois de ma vie, parler japonais, car les dialogues étaient en version originale — chose très rare à l’époque. Cette première découverte m’impressionna fortement.

Une fois au lycée, je consultais des blogs d’expatriés au Japon, ainsi que des sites sur la culture japonaise. Ceci m’amena, timidement, à apprendre quelques mots et quelques expressions sans grande conviction. Les études supérieures pointant le bout de leur nez, je n’en fis pas ma priorité, et rangea le japonais au fin fond d’un des tiroirs de mon cerveau.

Ce n’est que plusieurs années après, lorsque je commençai à pratiquer l’aïkido, que mon intérêt pour le Japon, sa culture et sa langue refit surface.

Depuis, je m’efforce de garder le cap et d’apprendre en autodidacte cette langue à l’opposée de mes repères d’occidental. Malgré les hauts et les bas, les périodes de grande motivation et celles de découragement, je n’abandonne pas et poursuis humblement sur ce chemin.

Ainsi, avec cet article, je partage mon expérience dans le but d’aider, ou d’encourager, les personnes désirant débuter ou reprendre leur apprentissage de cette langue. Les explications sont destinées, en priorité, à des débutants ou des faux débutants.

Les sources que j’utilise sont en anglais, car, de ce que j’ai essayé, celles en français sont de moins bonne qualité. Ainsi, si votre anglais n’est pas d’un bon niveau, je ne pense pas que ce que je vais décrire vous soit utile.

Grammaire

Cet aspect de l’apprentissage est, selon moi, le plus difficile, car il faut acquérir une certaine « logique japonaise », avec ses règles et ses exceptions.

Il y a énormément de sources à disposition pour apprendre la grammaire. Cependant, celle que je trouve la plus adaptée est la série de livres Genki édités par The Japan Times. La progression est didactique et l’apprentissage ludique, avec pour cadre des étudiants étrangers découvrant la vie japonaise moderne.

Pour les personnes qui préfèrent travailler sur un écran, le Guide to Japanese Grammar de Tae Kim est un excellent support gratuit. Sa particularité est d’enseigner, en premier, la grammaire de base en langage courant, ce qui peut s’apparenter à l’apprentissage qu’ont les enfants au Japon dans le cadre familial.

Enfin, il est important d’avoir plusieurs explications différentes sur le même sujet pour maitriser pleinement les notions abordées. Ainsi, A Dictionnary of Basic Japanese Grammar — aussi édité par The Japan Times — est tout indiqué ; il suffit de trouver la notion désirée et d’étudier les nombreux exemples donnés.

Écriture et vocabulaire

Beaucoup d’occidentaux sont terrorisés à l’idée d’apprendre les idéogrammes sino-japonais — les fameux kanji. Pourtant, il s’agit surement de l’aspect le plus simple de la langue, au sens où il est le plus systématique et régulier. En adoptant une méthode adaptée, il suffit d’être régulier pour apprivoiser les deux mille caractères de base nécessaires pour la vie courante.

La clé est de combiner des moyens mnémotechniques avec un système à répétition espacée. Celui-ci se charge de stimuler la mémoire au moment le plus opportun pour retenir efficacement les idéogrammes appris. De plus, en inventant une histoire à l’aide de ces moyens pour chaque caractère, il est possible de se servir de la mémoire visuelle pour apprendre durablement les kanji. Ainsi, une tâche qui nécessite plusieurs années d’étude aux natifs ne requiert que quelques mois — acharnés néanmoins — pour un élève étranger.

J’utilise la méthode exposée dans le livre Remembering the Kanji de James W. Heisig pour créer ces images que j’enregistre dans le logiciel libre Anki qui fait office de système à répétition espacée.

Une fois les idéogrammes apprivoisés, il est temps de se lancer dans l’apprentissage des mots de vocabulaire. La même méthode que pour les kanji peut être employée. Une bonne idée est de commencer par les mots issus des livres de grammaire, puis, d’ajouter ceux provenant d’autres supports — films, mangas, etc.

Écoute et pratique orale

Lorsque l’on ne vit pas sur place, il est compliqué de maitriser cet aspect-là. Une fois le livre de grammaire refermé, il n’y a plus aucune exposition à la langue dans la vie courante — contrairement aux autres langues occidentales comme l’anglais par exemple.

Ainsi, il est important de se forcer à écouter du contenu en japonais. Heureusement, avec Internet, cela n’a jamais été aussi facile pour un étranger. Entre les films et séries d’animations, les émissions de télévision et de radio, et les podcasts en tout genre, tout le monde y trouvera son compte. Personnellement, je recommande le podcast Nihongo con Teppei pour les débutants. Il est animé par un natif qui publie régulièrement des épisodes de trois à quatre minutes. Je l’apprécie particulièrement, car le podcast est entièrement en japonais et sa manière de parler reste naturel — similaire à ce que l’on peut entendre au Japon.

Enfin, il est également simple d’organiser des cours, ou des séances de discussions à distance en visioconférence par Internet. Je n’ai pas testé cette solution personnellement, donc je ne peux pas faire de recommandations. Il est aussi possible de s’inscrire à des groupes de discussion si on a la chance d’habiter à proximité d’une ville où une association culturelle franco-japonaise est active.

Conclusion

Apprendre le japonais n’est pas forcément plus compliqué qu’apprendre une autre langue étrangère. La différence réside dans le temps nécessaire. Ayant peu de points communs avec le français, il y aura beaucoup plus d’éléments à assimiler qu’avec une langue latine par exemple.

Cependant, de nombreuses personnes ont réussi à maitriser cette langue. Tout le monde en a donc le potentiel. La clé est de persévérer, de ne pas se décourager et d’être patient. En revanche, les personnes souhaitant à tout prix atteindre un niveau décent en un minimum de temps ont toutes les chances d’abandonner en cours de route devant l’ampleur de la tâche.

Enfin, un certain attrait pour la culture japonaise est requis. Mais, vous l’aurez compris, cela est valable pour toute langue étrangère.

(がん)()ってください